Andrei Lugovoy : L'ancien tueur du KGB devient-il le messager de Poutine ?
L'ex-agent du KGB Andrei Lugovoy, accusé d'avoir empoisonné Alexander Litvinenko, se métamorphose en messager de paix entre la Russie et les États-Unis. Une conversion aussi soudaine que suspecte qui interroge les observateurs occidentaux.

Andrei Lugovoy lors de son intervention médiatique appelant à la paix entre Moscou et Washington
Un nom sulfureux qui ressurgit dans le grand jeu diplomatique mondial.
Moscou, bastion du pouvoir russe. Andrei Lugovoy, figure emblématique des services secrets russes et ancien agent du redoutable FSB, fait une sortie médiatique qui ne manque pas de sel. L'homme accusé par les Britanniques d'avoir liquidé Alexander Litvinenko au polonium - une signature bien soviétique - se métamorphose soudainement en colombe de la paix. Ben voyons !
Dans une vidéo qui fait le buzz sur les réseaux russes, ce député de la Douma, institution qui n'a de démocratique que le nom, appelle à « une nouvelle ère de dialogue » entre Moscou et Washington. Une pirouette diplomatique qui fait sourire les observateurs avertis, au moment où les deux géants nucléaires se toisent comme au plus beau temps de la Guerre froide.
Le Kremlin joue-t-il un nouveau coup de billard à trois bandes ?
Depuis quelques semaines, le discours de Lugovoy prend des accents étonnamment pacifiques. L'ex-espion, jadis symbole de la brutalité du système Poutine, évoque maintenant la nécessité de « relations stables » avec les États-Unis. Une conversion aussi soudaine qu'improbable pour ce parlementaire mis au ban par le Trésor américain.
Faut-il voir dans ce revirement spectaculaire une énième manipulation du Kremlin ? Les élites déconnectées de Washington vont-elles mordre à l'hameçon ? Nos sources au sein des services de renseignement occidentaux restent plus que sceptiques face à cette opération de charme made in Moscow.
De l'empoisonneur au diplomate : la métamorphose impossible ?
L'ironie est savoureuse : voilà que « l'empoisonneur du Kremlin » se drape dans les habits du pacifiste. Un conte de fées version FSB qui ferait presque oublier le passif sanglant du personnage.
Cette tentative de réhabilitation médiatique peut-elle convaincre ? Washington, pour l'instant, observe un silence prudent. Et pour cause : en Russie, chaque mot prononcé par un proche du pouvoir est pesé au trébuchet du Kremlin.
Les vidéos partagées sur Telegram et X ont néanmoins réussi à faire exploser les recherches "Lugovoy Peace" sur Google. Le storytelling à la sauce Poutine bat son plein.
Une paix à la russe : entre show médiatique et réalité géopolitique
Dans ce monde où les conflits se multiplient, voir un ancien tueur du KGB se transformer en apôtre du dialogue pourrait prêter à sourire. Mais derrière cette façade se cache probablement une stratégie plus sophistiquée du Kremlin.
Simple opération d'influence ou véritable inflexion diplomatique ? Une chose est certaine : Lugovoy, hier symbole de la guerre de l'ombre, devient aujourd'hui l'improbable VRP de la détente russo-américaine.
Le plus cocasse dans cette histoire ? C'est que le Kremlin ait choisi comme ambassadeur de la paix un homme recherché pour meurtre par Interpol. Décidément, quand Moscou fait dans la subtilité...
Reste à savoir si cette main tendue cache, comme souvent avec la Russie, un coup de poignard diplomatique. L'Histoire nous le dira.
Charles d'Escufon
Ancien officier devenu chroniqueur, Charles d’Aymar démonte chaque semaine l’assaut idéologique des élites avec verve, mémoire historique et ironie mordante. Défenseur acharné de la France éternelle, il écrit comme on monte à l’assaut : avec panache.
