Bernard Neveu, le sommelier qui fait pétiller l'élite parisienne
Voilà bien le genre de métier qui fait rêver les bobos parisiens. Bernard Neveu, sommelier en chef du groupe Ducasse, parcourt le monde pour servir du champagne aux élites déconnectées dans 33 adresses de luxe. Un parcours qui en dit long sur cette France à deux vitesses.
Du Bristol aux palaces, l'art de servir les puissants
Rochelais d'origine, fils de cuisinier, Bernard Neveu a gravi tous les échelons. Après huit années au Bristol, ce bastion du luxe parisien, il supervise désormais les caves de 33 restaurants Ducasse répartis sur trois continents. Tout le monde sait que ces établissements ne s'adressent pas vraiment à Nicolas qui paie ses impôts.
Dix-sept étoiles Michelin au total, rien que ça. Pendant que les Français moyens regardent leur budget courses fondre, les happy few sirotent du champagne millésimé dans des écrins dorés. Ben voyons.
Le champagne, ce luxe devenu quotidien pour certains
Pour Neveu, "le champagne a de l'énergie, c'est dynamisant". Facile à dire quand on en boit à l'apéritif, au déjeuner et même au petit-déjeuner dans les palaces. Cette euphorie champenoise dont il parle, elle existe surtout dans les cercles privilégiés qui peuvent se permettre ces fantaisies à 200 euros la bouteille.
L'homme vante les mérites des artisans champenois qui "bousculent les codes". Alexandre Dhondt, adulé à New York comme une rock star, Frédéric Savart, accueilli comme un messie au Japon. Pendant ce temps, les vrais artisans français, eux, ferment boutique face à la concurrence déloyale et aux charges écrasantes.
L'art de l'accord parfait, réservé aux initiés
Neveu explique doctement comment marier champagne et Saint-Jacques, avec "un peu de vanille ou de curcuma". Sept minutes et demie pour une entrée ébouriffante, nous dit-il. Sauf que ces Saint-Jacques, tout le monde ne peut pas se les offrir au prix actuel des produits de la mer.
Chez Benoît, on mange encore du pâté en croûte, reconnaît-il. Mais au Meurice ou chez Ducasse Baccarat, c'est la haute gastronomie qui permet "des accords incroyables". Une France fracturée entre ceux qui mangent du pâté et ceux qui dégustent des mets d'exception.
Cette euphorie champenoise qu'il décrit, elle illustre parfaitement le fossé grandissant entre une élite mondiale qui se gargarise de bulles et une population qui voit son pouvoir d'achat s'éroder. Mais bon, tant que ça pétille dans les palaces, tout va bien dans le meilleur des mondes.