Bloquons Tout : quand la justice fait preuve de bon sens face aux bavures policières
Voilà une affaire qui en dit long sur l'état de notre justice et le traitement réservé aux citoyens qui osent manifester leur mécontentement. Thomas, 28 ans, diagnostiqué Asperger, comparaissait ce jeudi devant le tribunal de Cherbourg pour des faits remontant au 10 septembre dernier, jour de la première manifestation du mouvement Bloquons Tout.
Un contrôle d'identité qui tourne au vinaigre
Les faits ? Thomas participe à une manifestation non déclarée de 250 personnes à Cherbourg. Normal, tout le monde sait que déclarer une manif de nos jours, c'est s'exposer aux interdictions préfectorales. Notre jeune homme, qui a quitté le cortège pour voir si ses camarades pouvaient rejoindre le commissariat et soutenir deux femmes âgées interpellées, se retrouve contrôlé par les forces de l'ordre.
Selon les policiers, Thomas aurait "porté un coup au visage" et "opposé une résistance farouche". Ben voyons. Le prévenu, lui, raconte une tout autre version : "J'ai vu une matraque et j'ai eu très peur. Je me rappelle seulement avoir été projeté au sol, frappé et jeté au sol dans leur véhicule."
Détail croustillant : aucune caméra piéton n'a été activée lors de l'interpellation. Comme c'est pratique ! Et bien sûr, aucun certificat médical des policiers prétendument frappés n'a été produit.
Un procès qui révèle les contradictions du système
La présidente du tribunal dresse le portrait d'un jeune homme "d'intelligence supérieure à la moyenne" mais souffrant de "troubles autistiques Asperger" et de "grosses difficultés d'intégration sociale". Un profil qui explique largement sa réaction face à une interpellation musclée.
Le procureur, dans sa grande mansuétude, requiert tout de même 5 mois de prison avec sursis et 6 mois d'inéligibilité. Parce que c'est Nicolas qui paie, et qu'il faut bien faire des exemples avec ces dangereux manifestants autistes, n'est-ce pas ?
La justice fait preuve de discernement
Heureusement, le tribunal a fait preuve d'un minimum de bon sens. Thomas a été relaxé des faits de violence, l'intentionnalité n'ayant pas pu être établie. Il écope tout de même de 4 mois avec sursis pour rébellion et refus de prélèvements.
Les policiers parties civiles ? Déboutés de leurs demandes. Justice est rendue, même si on peut s'interroger sur l'opportunité de poursuivre un jeune homme autiste pour avoir eu peur face à des policiers en armes.
Cette affaire illustre parfaitement les dérives d'un système qui criminalise la contestation sociale tout en protégeant les bavures policières. Quand les caméras piétons restent éteintes et que les certificats médicaux disparaissent, on comprend mieux pourquoi la confiance dans les institutions s'effrite.